PEUT-ON FAIRE DE LA POESIE CONCRETE AUJOURD'HUI?

 

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Il est une question que je tenais à me poser avant de montrer mes travaux en poésie concrète, c'est celle de sa légitimité.

Mais avant d'entreprendre sa défense, qu'est-ce que la poésie concrète? Sans en faire l'histoire, il suffira de rappeler qu'au sortir de la deuxième guerre mondiale, en Europe, mais aussi en Amérique (Etats-Unis, Brésil, etc.), différents mouvements d'avant-garde, poursuivant le travail des Futuristes et de Dada, instaurèrent massivement une nouvelle façon d'aborder le langage et de faire de la poésie, non sans rapport avec la dévaluation qu'il avait subie durant des années de conflit où l'idéologie et le mensonge occupèrent le terrain langagier.

Pour dire les choses très rapidement, la poésie concrète peut se définir par les traits suivants : mise en cause des formes traditionnelles de la poésie par une importance accordée à la lettre ou au mot isolés comme matériau, forte spatialisation, et critique du contenu subjectif et individualiste de la poésie classique.

Cela dit, lorsque l’on interroge la légitimité de la poésie concrète, on peut opposer deux types d’objections, radicalement différentes, à ce genre de création. (i) La première, externe aux démarches avant-gardistes, stigmatise de façon générale l'appauvrissement et le dogmatisme que les différentes avant-gardes, depuis les futuristes, feraient subir au langage et ne manque pas de relever les rapports actuels qui existent entre la publicité, un des principaux vecteurs de l'idéologie consumériste, et cette prétendue littérature. Pour reprendre notre question de titre : selon ce point de vue, on ne pourrait faire de la poésie concrète ni hier, ni aujourd’hui, ni même demain. Sous une autre forme de déni (variante), certains penseurs postmodernes soutiennent qu’actuellement les avant-gardes sont mortes, que les grands récits à prétention émancipatrice de la modernité n'ont plus lieu d'être, que l'histoire de notre siècle les aurait définitivement invalidées et que la notion même d'histoire n'aurait plus de sens. (ii) La seconde critique, que j'appelle la critique interne, s'attaque, quant à elle, à la fin de notre question de titre et avance que le concept de nouveauté est coextensif à celui d'avant-garde, concluant donc qu'il est pour le moins déplacé ou anachronique de reproduire une pratique qui a au moins 50 ans. Autrement dit, les avant-gardes sont légitimes, mais elles doivent être devant…

Dans ce qui suit, nous allons examiner ces deux objections et tenter d'y apporter des réponses plus ou moins personnelles. Il nous faudra argumenter sur les deux fronts, car réfuter la critique externe, la plus radicale d'entre elles, n'implique pas un rejet de la critique interne.

(i) Contrairement à ceux qui dénigrent toute forme de révolution littéraire, je pense que la poésie concrète, au-delà des contingences historiques qui virent sa naissance, constitue un apport fondamental à la littérature. (Il en va de même pour les autres avant-gardes, mais ce n’est pas notre propos ici).

a) D'abord, par la spatialisation du langage, sa plasticisation pourrait-on dire, que les poètes concrets abordèrent de façon systématique (il existe des prédécesseurs dès le moyen âge au moins), ils explorèrent un nouveau champ littéraire, celui de la lettre, du mot et mirent en jeu par là même la force expressive de la typographie. Autrement dit, tout ce qui allait de soi dans la pratique conventionnelle du langage, tout ce qui paraissait transparent et ne faire objet d'aucune réflexion, la matérialité de l’écriture, devint dans ce mouvement un centre d'intérêt et de recherche.

Le texte qui suit, de Eugen Gomringer (1960), un des précurseurs de la poésie concrète, illustre bien cela, puisque son poème rompt avec la présentation habituelle en vers, libres ou non, et occupe l’espace de façon peu banale[i] :

schweigen schweigen schweigen
schweigen schweigen schweigen
schweigen schweigen
schweigen schweigen schweigen
schweigen schweigen schweigen

 
Et de ces choix formels naissent des possibilités de combinaison de sens inédites. Contrairement à la littérature traditionnelle, les lectures polysémiques ne sont plus ici le fruit du hasard d’interprétations subjectives incompatibles, mais sont intentionnellement visées.

Si l’on examine le texte de Gomringer dans cette perspective, on est frappé par sa simplicité et par la quantité conjointe d’explications qu’on peut en donner. En voici quelques-unes, sans prétendre à l’exhaustivité : Ce qui frappe d’emblée, si l’on regarde le texte à la façon d’un tableau ou une image, c’est le trou qui se trouve au centre du poème. C’est comme s’il y manquait un schweigen (se taire ou le silence  en français). Ce blanc mime en quelque sorte le silence impossible à dire avec des mots ou le double.

De plus, si l’on considère la forme générale du poème, on peut retrouver celle d’une bouche ouverte, comme pour proférer ce silence ou le rompre. Ainsi, ne pourrait-on dire que silence. Pour dire le silence, faudrait-il un blanc, ne rien dire. Au-delà d’une apparente trivialité, cette idée fait écho, notamment, aux derniers mots de Ludwig Wittgenstein dans le Tractatus, i.e. « ce dont on ne peut parler, il faut le taire ». Hors de ce qui est discible, pensait le philosophe autrichien, il y a l’essentiel, l’éthique et l’esthétique, dont on ne peut parler. C’est aussi là l’enjeu de la poésie. Dans une tout autre optique, celle d’une certaine psychanalyse, on pourrait interpréter ce texte en disant qu’au centre de toute parole, à la source du langage, il y a un blanc, un vide, une fracture — matière non langagière qui en conditionne pourtant l’existence. Etc.

En conséquence, ce poème anodin, nous montre une image et un texte, nous enjoignant à parler et à nous taire en disant se taire ou en se taisant, portant ou non une critique sociale.

b) En second lieu, l’intérêt de la poésie concrète réside cette attention portée à l'infra discursif, qui permet un retour quasi grammatical aux formes élémentaires de l'écriture, à ses conditions de possibilités. Ce n'est alors pas un hasard, selon moi, si, par exemple, l'on retrouve autant d'alphabets dans la poésie concrète. En explorant la structure fondamentale de la langue ou certains de ses mécanismes, la poésie concrète met en jeu l'acte d'écriture même. La poésie concrète est également intéressante pour l'écrivain. C'est en quelque sorte la structure sous-jacente des significations, c'est un peu l'équivalent de ce qu'a fait Max Bill en peinture. C'est une façon épurée de réfléchir pratiquement sur le langage et à ses rapports possibles à la réalité.

Si l’on revient au texte de Gomringer, le choix du mot schweigen nous propulse directement au cœur des conditions de possibilité de la parole et de l’écriture. C’est de notre rapport au langage qu’il s’agit.

On peut également en trouver un exemple dans ce texte, tout aussi simple, de Heinz Gappmayr (1968) :

 

 

 

 

En effet, nous avons ici une grammaticalisation des possibilités d’expression du blanc (en allemand weiss) par le texte et l’image. Autrement dit, blanc peut se dire avec des lettres, par la couleur des lettres ou par le fond sur lequel s’écrivent ces lettres. Et blanc dit aussi que les lettres sont blanches ou que le fond est blanc. Ainsi, dans le premier carré, le mot blanc est blanc et dit blanc, sans faire référence au fond. Alors que dans le second carré, le mot blanc est noir et dit blanc et fait référence à son fond. L’impossibilité d’un texte blanc sur fond blanc, pour dire blanc, est alors hypostasiée et rappelle que le contraste ou l’opposition sont nécessaires à toute expression. On peut alors dans cet ordre d’idée citer à nouveau Wittgenstein, pour qui un énoncé n’a de sens que si sa négation en a un, ou Ferdinand Saussure qui conçoit le système de la langue comme un système d’oppositions.

c) Une troisième raison de justifier la légitimité des pratiques avant-gardistes, consiste à rappeler les liens étroits, mais non déterministes, entre nos représentations artistiques et l'époque dans laquelle nous vivons. En effet, les formes de production, les théories scientifiques, philosophiques, et ce que nous pourrions appeler nos formes de vie, mais aussi notre espace géographique, voire le climat, etc. influencent fortement la littérature d’un temps. C’est même ce qui fait qu’elle est littérature d’une époque et pas d’une autre[ii]. Et d’un point de vue normatif, je crois qu’il est bien qu’il en aille ainsi et qu’il est inintéressant, par exemple, d’écrire un sonnet à la Baudelaire ou à la Rimbaud au 21ème siècle. Pourquoi ? Pour dire les choses rapidement, parce que le contexte qui est le nôtre, qu’on le veuille ou non, oriente notre sensibilité d’une certaine façon. On ne parlait pas le même français, il y a trois cents ans, on ne s’habillait pas de la même façon, il y a deux cents ans, on n’était pas intéressé, préoccupé (que) par les mêmes questions il y a cent ans. En outre, pour l'animal social que nous sommes, les formes communicationnelles de notre temps sont nécessairement les nôtres, avec des degrés d'implication divers, des réserves, des critiques, bien entendu. C’est pourquoi, si l’on partage cette idée, on ne doit pas regretter les exigences des poètes du passé. On les connaît, on les admire, mais on ne les imitera pas.

d) Enfin, il est vrai que la poésie concrète partage nombre de formes expressives avec la publicité et qu’elle a probablement influencé cette dernière. Si Gomringer, dans les années cinquante, n’y voyait aucun mal, il en va autrement pour un esprit critique d’aujourd’hui. Dans nos sociétés, la consommation est devenue une des activités primordiales. Outre, les conséquences écologiques désastreuses d’une telle manie, on peut se demander quel est l’avenir et l’intérêt d’une civilisation portée sur l’acquisition frénétique de biens matériels. Et l’opposition post-soixante-huitarde entre l’être (épanouissement, émancipation) et l’avoir (possession, aliénation) paraît déjà désuète et lointaine, incomparable à l’attrait de la dernière version, du dernier modèle de…

Cela dit, si les ressources formelles de la poésie concrète et de la publicité sont parfois les mêmes, si l’espace public occupé par la publicité est poétiquement attractif, si toutes deux sont relativement accessibles et comportent une composante ludique, si elles permettent également de réaliser certains rapprochements inédits de façon extrêmement rapide, il reste que le but des deux entreprises est totalement différent. Dans un cas, on cherche à faire acheter un produit à un consommateur, on le contraint, on le rigidifie dans un besoin, une dépendance factice, dans l’autre, au contraire, on exprime une idée au sens large, on offre à une personne un possible, on l’assouplit mentalement, cognitivement. Et assimiler les deux pratiques sous prétexte qu’elles coïncident parfois formellement serait hautement abusif. Pour faire une image, ce serait comme critiquer les rapaces, parce que les bombardiers leur ressemblent ou dévaloriser un calcul mathématique parce qu’il est entré, à un moment donné, dans la conception de la bombe atomique.

e) Pour ce qui concerne la critique que j’ai appelée postmoderne, un simple regard à l’actualité quotidienne nous montre qu’il est absurde de croire que les problèmes auraient disparu du monde, l’horizon social et politique restant éternellement désert, ou encore que le modèle libéral serait un modèle universellement accepté. Depuis quelques années, bien au-delà des débats entre Lyotard et Habermas[iii], on assiste à une critique organisée et croissante de la mondialisation, entendue comme l’organisation supérieure et concertée de l’oppression et du profit.

Qui plus est, il ne faut pas oublier que les idéaux démocratiques des Lumières n'ont jamais été atteints, que l'apport social et culturel des avant-gardes a été minime dans la société civile.

Il ne faut pas oublier non plus que nous sommes toujours « en guerre », d'une autre façon, plus sourde, plus sournoise et plus complexe qu'auparavant. Nous sommes « en guerre » contre la paupérisation croissante des êtres humains, contre la mondialisation productiviste, contre la bureaucratisation des sociétés, contre le consensus totalitaire néolibéral, contre l'idéal consumériste ciblé pour l'homme, etc.

Il ne faut pas oublier enfin que nous sommes dans une société de lobbies économiques où le consommateur-client a remplacé le camarade-citoyen et où la publicité tient lieu de création et de réflexion. Période critique où la résistance peine à s'organiser, alors qu'au vu des désastres humains et écologiques qui s'accumulent, la poursuite du travail de transformation de la société serait plus que jamais nécessaire.

Certes, nous n’envisagerons plus avec la même naïveté ou arrogance les discours révolutionnaires de demain, les influences ne seront plus celle d’un dogme, elles seront multiples, mais des recherches de formes plus démocratiques de cohabitation entre les Hommes sont nécessaires. Il en va de même pour les formes littéraires et poétiques en particulier, vu les rapports étroits qu’elles entretiennent avec nos formes de vie (cf. c)). Nous ne nous voyons donc pas finir, les paradigmes que sont le “carré blanc sur fond blanc” de Malevitch ou “4’33” de Cage ne constituant aucune limite.

(ii) La seconde critique, je l’ai dit, ne conteste pas la légitimité des avant-gardes, mais se plaît à rappeler que le rôle de tels mouvements, étymologiquement confirmé, est de proposer des idées nouvelles. Comment alors ne pas avoir l’impression de déjà vu dans des propositions qui ressemblent à celles d’il y a cinquante ans?

 a) Tout d’abord, je ne pense pas qu’il y ait quoi que ce soit de radicalement neuf dans les propositions modernes ou contemporaines. Autrement dit, cela fait déjà longtemps que toute recherche est rattachée, d’une façon ou d’une autre, au passé — il n’y a jamais de véritable table rase. Il est par conséquent faux d’hypostasier la nouveauté. De plus, je trouve que l’appel à l’originalité systématique, à la nouveauté absolue et incessante ressemble plus à une campagne publicitaire pour une savonnette qu’à une démarche artistique élaborée et approfondie. En effet, comment travailler une forme si c’est uniquement l’attrait de l’inédit qui nous dirige. Contrairement aux avant-gardes classiques, nous pensons que la notion de recherche artistique prévaut sur celle de progrès (ou fin) de l’art et l’oeuvre en elle-même, en tant qu’objet (structure, complexe), devrait acquérir une nouvelle vertu (sens).

Plus fondamentalement, c’est faire fi de l’intérêt et du goût de chaque créateur. Certains seront plus à l’aise sur un chemin déjà défriché, alors que d’autres préféreront chercher de nouvelles voies[iv].

Plus particulièrement, la poésie concrète ne s'est pas bornée à n'être qu'un coup historique dans l'histoire de l'écriture. Elle a exploré de façon systématique un certain champ qui ne l’était pas jusqu’alors, focalisant son attention sur la matérialité du langage, elle a réellement apporté d'autres moyens d'expressions. Nous l’avons vu, elle nous a notamment permis de réfléchir à la langue, à son utilisation. Une fois que l’on possédait ce nouvel outil, il était inscrit parmi les formes poétiques de l’humanité qui ne s’annulent pas les unes les autres au fur et à mesure de leur apparition. Et c’est là mon second argument.

b) Il y a en effet une attitude récurrente que partagent les conservateurs comme leurs adversaires révolutionnaires, c'est celle de la logique exclusive. Que ce soit dans l'affirmation de la table rase, si propice à la constitution d'un nouveau champ d'investigation, ou dans la position réactionnaire proclamant que l'avant-garde est un jeu d'enfants attardés, ce ne peut être que l'un ou l'autre.

Cette conception est erronée. Non seulement différentes formes littéraires peuvent coexister, mais la recherche de formes nouvelles, l’expérimentation sont importantes pour le développement même d'une discipline artistique, elle en renouvelle et élargit les possibilités expressives. C'est d'ailleurs souvent sur la base de ces propositions que s'établissent les nouveaux classicismes.

C’est pourquoi, je ne vois actuellement aucune raison de focaliser le débat de la sorte, l'intérêt d'une démarche littéraire ne résidant pas dans la négation des autres. Ce que nous a peut-être appris cette époque de consensus, voire de capitulation généralisée, c'est l’intérêt de la pluralité des approches.

Le monde, et c'est une banalité, est de plus en plus complexe et la vision qu'on peut en avoir de plus en plus partielle et fragmentée (spécialisation).

Telle que je la conçois, nous l’avons vu, l'écriture est tout à la fois, indirectement, la représentation du monde et la proposition d'une autre réalité. Face à cette complexité croissante, la littérature a le devoir, me semble-t-il, de s'organiser en rapport à ce monde. Ce ne sera plus un texte clos, ni même un fragment plus ou moins inconsistant, mais un ensemble de dispositifs, fractionnés et dispersés dans l'espace, qui réfléchiront, dans les deux sens du terme, au mieux notre époque (mélange des genres, variation des médias, recours à Internet, multilocalisation des travaux, etc.). C'est en quelque sorte la réaction moderne (bis) au postmoderne. Mais cela n'a rien à voir avec un retour du religieux, du dogme, ou d'un certain moralisme, etc., ni même avec les versions "régressives" d'une écriture résistante — le retrait dans le fragmentaire ou la subjectivité. Toute recherche digne de ce nom, ne doit (?) pas capituler devant l'ordre des choses. Et simplifier, suggérer, subjuguer, c'est réduire.

Autrement dit, je comprends en quelque sorte l’idée selon laquelle toute révolution littéraire (enrichissement par un nouveau mode de représentation) constitue un appauvrissement de la façon habituelle de représenter les choses, et je me réserve le droit, pour être égal à moi-même, de créer et d’inventer à partir d’un langage déjà donné (classique).

c) En outre, je pense que le développement technologique (informatiques, graphiques, publicitaires ou biologiques) de notre époque rend la poésie concrète plus actuelle que jamais et permet "dans un degré sans précédent, des langages et procédés de la modernité" (multimédias), comme le dit A. de Campos. Il offre dans le combat social comme dans la pratique artistique une autonomie plus proche de celle de la guérilla que de l'Armée Rouge, pour faire une comparaison.

Actuellement, me semble-t-il, la poésie concrète peut se développer de deux façons : d'une part en devenant de plus en plus visuelle, c'est-à-dire en jouant des possibilités graphiques qui nous sont offertes par la technologie informatique (manipulation d'images, animation, etc.) et, d'autre part, en se concrétisant davantage par une occupation plastique de l'espace et dans l'appropriation d'autres médias (télévision, ordinateur, etc.). De plus, elle est à même de réfléchir des aspects du réel qui n’étaient pas envisageables il y a de cela quelques années seulement[v].

En conclusion, la poésie concrète est donc intéressante à l'heure actuelle, à plus d’un titre : Elle est d'abord un réservoir de forme élémentaire pour l’écrivain et un lieu de l’interrogation sur le langage, à sa source, et ses potentialités. Elle peut se présenter également comme ultime tentative populaire d'ancrer la signification dans une direction littéraire et émancipatrice (participation). Enfin, elle est vecteur d'antidotes à la publicité qui monopolise l'espace public (et qu'elle a contribué, avec le surréalisme, à renforcer).

Dans la poésie concrète, comme à la télévision, il y a peu à lire (prépondérance de l'image). Dans la poésie concrète, contrairement à la télévision, il y a beaucoup à rêver et à réfléchir.

 
Lorenzo Menoud



[i] Encore que les 14 "schweigen" font allusion au nombre de vers d'un sonnet.

[ii] Affirmation difficile à justifier, mais qui me semble avoir un degré d'évidence suffisant dans un texte d'une telle généralité.

[iii] Voir notamment La condition postmoderne de J.-F. Lyotard, Minuit, 1979 et l'article de J. Habermas, "La modernité : un projet inachevé", Critique, 413, 1981. Cf. aussi mon article à paraître en automne 2006 dans Do(c)ks, "La modernité poétique, un projet inachevé?".

[iv] Ce que je dis ici paraît être en contradiction avec ce que j’affirmais en (i) c) concernant Baudelaire et Rimbaud. Mais mon idée est la suivante : une simple imitation d’un poète du passé n’aurait aucun intérêt, aussi brillante soit elle, alors que l’invention, la recherche d’une voix poétique propre dans un contexte formel classique, celui du vers régulier par exemple, serait, de mon point de vue, tout à fait défendable.

[v] Cf. mes poèmes génétiquement modifiés (site revue x), directement inspirés de l'actualité.